vendredi 19 février 2010

Un mardi soir en mairie

Contrairement à ce que j'écrivais dans un précédent billet, les conseils municipaux ne sont pas si ennuyeux que cela... Illustration mardi soir, dans un Hôtel de ville à l'ambiance électrique.



S'il s'était agi d'une pièce de théâtre, on aurait pu dire sans exagération qu'elle se jouait "à guichets fermés".

À 20h30, la salle où siège le Conseil municipal était déjà bien remplie. Pas moins de vingt points étaient inscrits à l'ordre du jour mais il y a fort à parier que les gens n'étaient pas venus pour "la demande de subvention à la CAF pour le projet d'extension de l'école maternelle Polangis" (point 5), "la demande de subvention au SIPPEREC pour le programme d'éclairage public" (point 9), "l'approbation de la convention de mise à disposition de données géographiques avec la DDE" (point 14)...

Officiellement, le principal sujet de la soirée devait être le débat d'orientation budgétaire (point 4), qui examine les sommes qui vont pouvoir entrer dans les caisses de la commune et la manière dont elles vont être dépensées. Mais officieusement, bien sûr, le moment que la plupart attendait, c'était le mystérieux point 17. Nom de code : "la prise en charge des dépenses relatives à la protection fonctionnelle du maire".

Seize points plus ou moins essentiels à se farcir écouter religieusement, cela peut être long... Peut-être faudrait-il patienter jusqu'à minuit, le ventre vide, avant d'entrer dans le vif du sujet. Mais il n'y a pas de bon drame sans un peu d'angoisse.

Volte-face sur le parking

En fait, le débat s'est animé dès 20h50, lorsque la question du parking du RER a été abordée.

Olivier Dosne a créé la surprise en déclarant que la demande de places de parking pour les usagers du RER était fondée.

Petit rappel à l'usage de ceux qui suivent ces questions de loin. Le précédent conseil municipal, en décembre, avait entériné la suppression de ces places de parking au profit du nouvel immeuble qui va s'élever entre la gare RER et le bois de Vincennes. La "philosophie" de cette décision avait été énoncée dans  Le Parisien par le directeur général des services de la mairie, qui estimait que "baisser la capacité de stationnement", c'est bien car cela "revient à favoriser l'utilisation des bus"...

De fait, on a appris ce même mardi soir que la mairie ne fait d'ores et déjà plus payer le stationnement, comme pour bien marquer qu'il n'existe plus à ses yeux.

Paradoxe : le maire estime maintenant qu'il faut offrir des places de parking aux usagers du RER. Comment expliquer cette volte-face ? Mon petit doigt me dit qu'elle est due au nombre impressionnant de signatures plusieurs centaines récoltées par la pétition lancée sur les marchés le week-end dernier.


Cité-garage

Quoi qu'en pense le grand philosophe de la direction générale des services, baisser l'offre de stationnement à Joinville ne favorisera pas les transports en commun, bien au contraire.

Quelque deux cents automobilistes se garent chaque jour sur le parking du RER avant d'emprunter la ligne A. Si on les empêche de le faire, on peut supposer qu'une partie non négligeable d'entre eux préférera zapper l'option transports en commun et faire l'intégralité de son trajet confortablement installé dans sa voiture.

Ceux qui ont pris le 112 durant les grèves qui ont paralysé le RER A récemment ont eu un aperçu de ce que pourrait provoquer un tel choix : des embouteillages-monstres dans le bois de Vincennes, un trajet Joinville-Château de Vincennes de... 1h15 au lieu de 10 minutes. Bonjour la réduction de CO2 !

Mais ce n'est pas le plus préoccupant. Que feront les automobilistes qui persisteront à vouloir prendre le RER à Joinville ? Eh bien, ils se gareront où ils pourront, concurrençant les riverains sur les toujours plus rares places de stationnement qu'offre la ville.

On connaissait déjà les cités-dortoirs ? Joinville aura le douteux privilège d'inaugurer une nouvelle forme de zone urbaine : la cité-garage, avec ses trésors de bonne humeur et de convivialité. Comme à Paris.

Distinguo douteux


Il est inquiétant d'observer que la majorité municipale a eu besoin d'une pétition pour arriver à un constat que le simple bon sens suffit à dicter : il est indispensable d'offrir des places de parking aux usagers du RER.

Mais M. le maire a-t-il bien mesuré tout ce qu'implique un tel constat ? Je n'en suis pas très sûr si je me fie à ce qu'il a dit mardi soir.

Tout d'abord, il fait un distinguo douteux entre les Joinvillais qui utilisent le RER et les autres. Ensuite, il ne s'est pas engagé à réaliser coûte que coûte les investissements qui s'imposent.

Mais ce sera l'objet de mon prochain billet, dans lequel je raconterai aussi, bien sûr, la fin de cette soirée fertile en enseignements. Bon week-end !


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