jeudi 4 mars 2010

Le mystérieux point 17 de l'ordre du jour

Conseil municipal du mardi 16 février, suite et fin... Au menu : le parking du RER encore et toujours, le débat d'orientation budgétaire et "la protection fonctionnelle du maire".



Dans mon dernier billet, je me demandais si Olivier Dosne avait bien pris la mesure du problème que pose la suppression des places de parking pour les usagers du RER.

Deux choses me permettent d'en douter. En effet, le maire fait un distinguo incompréhensible entre les Joinvillais qui utilisent le parking du RER et les autres. En outre, il ne s'est pas engagé mardi dernier à réaliser coûte que coûte les investissements qui s'imposent.

La distinction entre Joinvillais et "étrangers" a pour but évident de baisser de façon significative le nombre de places de stationnement qu'il faudrait préserver puisqu'on estime que seuls 40 % "d'autochtones" utilisent actuellement le parking du RER. 

Mais quel est le bien-fondé d'une telle distinction ? Olivier Dosne considère-t-il que la pollution provoquée par un automobiliste de Champigny est moins grave que celle d'un automobiliste joinvillais ? Et le maire envisage-t-il d'interdire manu militari aux habitants de Champigny qui le souhaiteraient de continuer à se garer à Joinville ? 

On ne règlera pas le problème du stationnement en le prenant par le petit bout de la lorgnette... Ni en envisageant, comme l'a suggéré M. Dosne lors de ce conseil municipal, un emplacement situé rue Nouvelle, c'est-à-dire très loin de la gare RER.

Question de coût

Pourquoi ne pas revenir à ce qui était initialement prévu dans le projet de rénovation des Hauts-de-Joinville, à savoir un parking place du 8 mai 1945, à côté de la rue Eugène Voisin ?

Il semble que, si le maire s'y oppose, c'est pour une question de coût. Toutefois, la suite de ce conseil municipal a singulièrement mis à mal cet argument.


Lors du débat d'orientation budgétaire, en effet, l'équipe municipale s'est évertuée à accréditer l'idée d'une cité aux finances saines. Dans ces conditions, on a du mal à comprendre comment une ville de 17 000 habitants n'aurait pas les moyens de financer un parking de deux cents places...

D'une façon générale, on a l'impression que la majorité actuelle a décidé de faire une croix sur tous les investissements quelque peu ambitieux.

Olivier Dosne a confirmé lors de ce conseil municipal l'abandon le report sine die de la construction d'un nouveau centre technique municipal. "Je ne lâche pas 7 millions d'euros pour un projet qui sera peut-être surdimensionné", s'est-il justifié. Sauf que cela s'ajoute à la décision de ne pas construire une passerelle entre Palissy et le quartier de la mairie, et de ne pas remettre aux normes le centre d'hébergement d'urgence...

Et que cela n'empêche pas non plus une hausse significative des prélèvements, dénoncée par l'ensemble de l'opposition, de droite, du centre comme de gauche.

"Nous sommes opposés à une hausse des impôts locaux", a martelé Olivier Aubry (UMP) qui évalue la hausse des prélèvements à "221 000 euros supplémentaires". Pour Areski Oudjebour (Modem), les contribuables joinvillais vont être soumis à "une hausse de 3 %" de leurs impôts alors que Joinville a "des dépenses de fonctionnement trop élevées" par rapport aux villes de taille comparable. Benoît Willot (PS) a, quant à lui, relevé que la hausse des impôts programmée par la majorité était... "trois fois supérieure à l'inflation".

Diffamation ?

Il était déjà près de 23 h lorsque le point 17 a enfin été abordé. 

Premier acte. La rapporteuse, Chantal Durand, a commencé par affirmer que le maire était victime de diffamation sur les blogs locaux. En conséquence, celui-ci comptait engager des procédures devant les tribunaux et demandait que la municipalité c'est-à-dire les Joinvillais prenne en charge les frais de justice que cela occasionnerait.

Yves Thamet (PC), qui est par ailleurs avocat, a aussitôt réagi, démontrant avec une grande clarté que les termes de la résolution du Conseil municipal étaient mal formulés. En effet, ils tenaient pour acquis une incrimination la diffamation qui ne pouvait être établie que par une décision de justice !

Émoi de l'équipe administrative du maire... Le directeur général des services, visiblement à la manœuvre sur cette question (du fait, peut-être, de son expertise d'ancien blogueur ?), fait changer sans délai les termes de la résolution.

Acte II. Olivier Dosne, avec d'indéniables accents de sincérité, estime que les accusations dont il est l'objet "sont graves" et que son honneur est en jeu. Jusque là, on ne peut qu'être d'accord avec lui. Mais cela pose à tout le moins deux questions : faut-il recourir aux tribunaux ? Et pourquoi le faire aux frais du contribuable joinvillais ?

Acte III. L'un après l'autre, les conseillers municipaux d'opposition sont montés au créneau.

Benoît Willot et Areski Oudjebour étaient en première ligne puisqu'ils tiennent des blogs où ont pu s'exprimer des jugements plus ou moins acides à l'encontre le maire. 

"Je trouve ridicule de porter un débat politique devant les tribunaux", assène le conseiller municipal socialiste, décidément en grande forme. 

Pour Areski Oudjebour, "le véritable but" de cette prise en charge des frais de justice par la municipalité, "c'est l'intimidation".

Il est vrai que la démarche est curieuse. À moins d'être impécunieux ou en butte à des forces dotées de moyens disproportionnés (mafias, puissants groupes de presse, etc.), on doit pouvoir défendre son honneur sur ses propres deniers... C'est même la meilleure façon de prouver que l'on y est attaché.


Majorité très silencieuse

Acte IV. Yves Thamet, à nouveau, est intervenu d'un point de vue strictement juridique. Il a rappelé que les procédures en diffamation étaient "extrêmement piégeuses". Traduction : il ne faut s'y engager qu'avec la plus grande circonspection.

Jusqu'à maintenant, en effet, il n'y a pas eu de procédure en prise illégale d'intérêt intentée contre Olivier Dosne. On murmure en ville, mais personne n'a eu le courage d'affronter les prétoires.

En attaquant en diffamation, Olivier Dosne pourrait lui-même porter la question sur le terrain judiciaire et déclencher, tout seul comme un grand, un déballage désagréable. 

La situation serait des plus cocasses, surtout s'il s'avérait attention, je suis dans la plus pure justice-fiction ! que, au final, le maire a fait payer les honoraires de ses avocats par... les victimes elles-mêmes.

Acte V. Moment fort de cette soirée, Sylvie Mercier (UMP) a rappelé, citations à l'appui, les attaques dont elle avait fait l'objet durant la campagne municipale sur le blog de... l'actuel directeur général des services. Et réclamé un vote à bulletin secret, eu égard à l'importance de l'enjeu.

Re-émoi du côté de l'exécutif municipal... Interrogations, consultation du code des collectivités territoriales, tergiversations... Finalement, une décision proprement inouïe a prévalu : le rejet du vote à bulletin secret.

Comme si, face à une majorité étrangement silencieuse, Olivier Dosne avait eu un doute quant à l'issue du scrutin. Il n'y a pas à dire, la confiance règne...













4 commentaires:

  1. décidément on ne s'ennuie pas en séance du conseil municipal, merci eustache de nous en rendre compte

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  2. Le blog est mort ?
    J'espère que non, il est très intéressant - et nécessaire.

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  3. Boulot, élections... je n'avais pas beaucoup de temps à consacrer à ce blog. Je vais essayer de tenir mon rythme hebdomadaire. Merci de vos encouragements !

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  4. Bonjour,
    puisque nous sommes dans le juridique
    le splendide disque bleu fourni gracieusement par la mairie est il conforme au decret qui est mentionné sur tous les disques bleus de france et dont la référence est absente sur notre splendide création graphique

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