mercredi 7 avril 2010

Candidus comicus

Mais jusqu'où ira-t-il pour plaire à son patron ? Dans un billet consacré à la rénovation des Hauts-de-Joinville, un blogueur joinvillais – qui se cache derrière le pseudo de "Candidus" – n'hésite pas à soutenir que le rapport du commissaire-enquêteur n'est pas sévère avec le maire... Attention : grand moment de comique involontaire. Ou de mauvaise foi éhontée...







Le rapport du commissaire-enquêteur est un document public. Difficile, donc, de dire n'importe quoi à son sujet, d'autant plus qu'il est écrit dans un langage relativement accessible. 

Difficile mais pas impossible quand on brûle d'une admiration passionnée pour le premier magistrat de la ville. Quelles sont les conclusions de ce rapport, exactement ?


"Le commissaire-enquêteur émet un avis favorable assorti :
- de recommandations en ce qui concerne la hauteur des bâtiments et la densification de cette zac
- de conditions suspensives en ce qui concerne les bâtiments conservés de l'ilôt C et la participation de l'aménageur" (p. 9)


Pour établir que le rapport du commissaire-enquêteur n'est pas sévère avec le maire, Candidus ne retient que le début de cette conclusion (l'avis favorable) alors que ce qui est important, ce sont évidemment les recommandations et les conditions suspensives  dont elle est joliment assortie.

(Pour prendre une image qui parlera à tous les parents, Candidus agit exactement  comme ces ados qui vont voir leur père en lui disant : "maman veut bien que je sorte samedi soir" alors que la mère lui a dit : "je veux bien que tu sortes si tu fais tes devoirs (ou  range ta chambre, lave la vaisselle, etc."...)

Comme leur nom l'indique, les recommandations sont des réserves que le commissaire-enquêteur émet vis-à-vis du projet tout en laissant l'équipe municipale libre de les suivre ou pas. En gros, le commissaire-enquêteur estime que le projet serait bien meilleur si l'on suivait ses recommandations mais que si on ne le fait pas, l'avis restera malgré tout favorable. Peut mieux faire, donc.

Plus embêtantes pour l'équipe qui mène un projet, les conditions suspensives sont des réserves qui, si elles ne sont pas expressément prises en considération, changent l'avis favorable en avis défavorable. C'est ce qu'on appelle "se faire taper sur les doigts", en langage courant. Et chacun sait combien cela peut être désagréable.

Le but du jeu, donc, lorsqu'on soumet un projet à enquête publique, c'est évidemment d'obtenir le moins possible de recommandations et aucune condition suspensive. Sinon, le rapport doit être qualifié de sévère, il n'y a pas à tortiller...

Diantre !

En l'occurrence, le commissaire-enquêteur fait une recommandation : que la hauteur des nouveaux bâtiments de la rue de Paris soit moins élevée que prévu initialement.

Les conditions suspensives, quant à elles, sont au nombre de trois ! Le commissaire-enquêteur exige que le bâtiment situé au 34 rue de Paris soit rénové, que celui  situé au 36 rue de Paris soit exproprié et reconstruit, et enfin quela participation financière de l'aménageur soit significativement augmentée.

L'immeuble situé au 36 rue de Paris est celui qui abrite la pharmacie d'Olivier Dosne. Lorsqu'on sait l'énergie qu'a déployée celui-ci pour éviter sa destruction, on comprend que notre Candidus local éprouve le besoin de lui mettre un peu de baume au cœur, fût-ce au pris de quelques grossiers gros arrangements avec la réalité.

On se souvient peut-être pour se rafraîchir la mémoire, c'est ici que le maire n'avait pas hésité à menacer de poursuites judiciaires toute personne qui l'accuserait de prise illégale d'intérêt dans cette affaire. Et qu'il avait même demandé au Conseil municipal que la ville prenne en charge les frais ainsi occasionné.

Va-t-il mettre ses menaces à exécution et traîner le commissaire-enquêteur devant les tribunaux ? Celui écrit en effet noir sur blanc :


"Le propriétaire actuel de la parcelle du 36 rue de Paris (pharmacie) est par ailleurs Ie Maire de la commune de Joinville-Ie-Pont (...) Cela peu (sic) amener une certaine confusion et suspicion." (p. 4)

Diantre ! Et pour bien enfoncer le clou, il ajoute un peu plus loin :

"Le projet au final parait (re-sic) d'intérêt public, même si comme tous les projets, il est perfectible et donne I'impression que la limite de I'intérêt général est, sur certains aspects du projet, « approchée »." (p.9)

Tout à son entreprise de falsification de la réalité, Candidus cite la première partie de cette phrase dans son billet mais pas la fin qui, malgré la litote, dit bien ce qu'elle veut dire.

Mais il a raison, au fond : le rapport du commissaire-enquêteur n'est pas sévère pour l'équipe municipale, il est accablant.

2 commentaires:

  1. Je pense que vous n'avez pas bien lu l'article de "Candidus"...dans lequel rien n'est occulté.....la mauvaise foi semble plutôt être dans votre camp

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  2. Analyse très fine et, comment dire? Très pertinente.

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